Le Royaume
du Solengard
Introduction
Le Solengard, au nord-est d’Alledör, s’est toujours présenté comme un royaume fort et fier : fort de son emplacement à la confluence des deux grands fleuves qui traversent le continent, puis fier de ses traditions, tirées de l’Âge d’Or lui-même. Ce royaume est une véritable puissance économique et il protège pleinement son indépendance tout en respectant celle de ses voisins. Du moins, c’est ainsi qu’il pouvait être décrit avant les terribles événements de l’an 1121, qui ont changé ces paradigmes à tout jamais.
Avant cette tragédie, le royaume prospérait sous le regard vigilant de la famille royale Savenkov. Elle défendait vigoureusement l’intégrité de ses sujets, en offrant des frontières sécuritaires, mais perméables aux affaires. Le commerce y était donc foisonnant, en grande partie grâce au port d’Olenberg, qui accueillait des navires issus de toutes les contrées. Il était possible de trouver en ce territoire nordique, des ressources rares telles que des épices aux arômes exotiques en provenance du Shalrassar ou encore, des minerais précieux originaires des mines du Rrôhtengar.
Malgré cette position stratégique d’axe commercial majeur entre les nations, les terres du Solengard demeurent en grande partie sauvages et pleines de mystère. Les équipages y ayant fait escale évoquent souvent le caractère superstitieux de ses habitants. Trait qui est de plus en plus évident, à mesure que l’on s’éloigne des zones les plus densément peuplées. Il serait facile de discréditer les légendes locales, rapportant tantôt que cette terre aurait jadis été le théâtre d’affrontements d’envergure façonnant le destin de leur époque ou encore, victime des affres de rituels menés par des cultes maintenant honnis. Or, tous ceux s'étant attardés un tant soit peu dans cette contrée toujours indomptée savent qu’il n’est pas sage de s'aventurer dans les bois lorsque le soleil se cache derrière l’horizon.
Hélas, ce ne sont ni les mythes ni les routes commerciales qui représentent désormais le Solengard, mais plutôt les guerres qui l’affligent. Qu’elles soient internes ou externes, elles ne semblent être qu’au début de leur avènement.
Histoire
Bien avant que Vestalia ne forme un empire et qu’un sénat s’oppose à son hégémonie, Alledör était dominé par les nombreux royaumes le composant. Selon plusieurs sources, l’un des plus anciens d’entre eux ne serait nul autre que le Solengard, dirigé depuis des temps immémoriaux par la lignée Savenkov. Ancré dans ses traditions, l’aigle doré s’est toujours paré de fierté pour traiter avec ses voisins. Certains disent que c’est cette même inflexibilité qui a mené la puissance au gouffre de sa perte.
Alors que les nations et les alliances se formaient, le Solengard lui, refusait catégoriquement de faire des compromis sur sa souveraineté. Étant resté seul avec ses principes, c’est brutalement que le progrès s’imposa à lui, le réveillant de sa torpeur par un bain de sang. Les nations voisines, incapables d’étancher leur soif de grandeur sur leur propre territoire, avaient envahi le Solengard pour s’y livrer bataille.
Voyant que des hordes de guerriers des envahisseurs s'entretuaient sur les champs de bataille qui étaient encore la veille les fiefs de ses sujets, le roi Casimir Savenkov leva les armées du Solengard. Le nombre de ses soldats n’était rien par rapport aux puissances qui s'accumulaient aux frontières, mais le souverain insuffla suffisamment de vigueur aux siens pour ralentir l’invasion et protéger leurs chaumières.
Hélas, un destin funeste vint remercier la bravoure du roi. Il fut retrouvé dans ses appartements, baignant dans son sang, sa couronne enfoncée profondément dans son crâne. Les rumeurs voudraient que ni l’Empire Vestalien ni les Royaumes Unifiés ne désiraient gérer la résistance du Solengard, en plus de leur affrontement. Cependant, aucune preuve n’a encore été trouvée pour corroborer cette théorie.
Suite à la mort du monarque, la guerre au Solengard dégénéra violemment pour atteindre un sommet de brutalité. Toutefois, des cendres de cet affrontement meurtrier naquit quelque chose d'inattendu: une trêve. Après s’être éreintés sur le champ de bataille, les envahisseurs mirent de côté les armes pour faire place aux traités. Afin d'enclencher ces échanges, un lieu neutre fut élu : le village d’Olenberg.
Or, l’étendard du Solengard n'était pas complètement tombé avec son roi et la flamme de la fierté brûlait toujours dans le cœur de son peuple. Si plusieurs avaient accepté leur sort sous l’occupation des puissances étrangères, certains demeuraient encore loyaux à leur royaume perdu. Dirigée par le frère du défunt roi, Mikhail Savenkov, la forteresse de Rovaria demeurait insoumise. Son passage laissait une empreinte singulière : les cadavres des envahisseurs suspendus aux arbres, couronnés d’épines. Il envoyait ainsi un message clair et empreint de défi au reste du monde : le Solengard résiste.
Malgré la violence, des voyageurs de tout horizon ont afflué au village d’Olenberg, attirés par les opportunités créées par ce moment historique. L’Empire Vestalien et les Royaumes Unifiés ne furent pas les seules nations à organiser une ambassade en cette terre neutre; l’Empire du Shalrassar et des clans proéminents des territoires du Rrôhtengar envoyèrent également des délégations afin de participer à ces échanges de pouvoir.
Les altercations ne se sont toutefois pas arrêtées avec l’arrivée des diplomates; les nations utilisant désormais cette terre comme terrain de jeu pour leurs stratégies politiques. La trêve, souvent mise en danger, semblait n’être qu’un prétexte pour permettre à des familles étrangères de prendre le contrôle des territoires épuisés par le conflit.
Le Duc de Ronce, Mikhail Savenkov, ne voyait pas de bon augure la présence des étrangers et décida de mettre ses forces en action pour en prévenir la domination. À peine sorti d’un envahissement, une guerre civile éclata pour déterminer le contrôle du village d’Olenberg et pour dicter qui encadrera les ententes des nations étrangères. Alors que le conflit menaçait de dégénérer, Syméon Savenkov, le prince héritier du Solengard, présumé disparu, intervint pour instaurer la paix. Il nomma son oncle régent, retardant ainsi sa propre accession au trône.
C’est ainsi que débuta la reconstruction du Solengard, avec la participation d’étrangers qui voyaient en ces contrées mystérieuses, les promesses d’un avenir meilleur. Et ce, malgré l’instabilité de la couronne des Savenkov.
Histoire récente
Après presque deux ans de régence parsemée d'expansions, d’embûches et d’ententes, le prince héritier Syméon demanda enfin à son oncle son trône légitime. Hélas, le régent refusa une telle passation de pouvoir, jugeant que son neveu n‘était pas encore prêt. De cette déclaration naquit une nouvelle friction au sein du royaume, dépassant même le cadre familial des Savenkov. Tous les habitants du Solengard avaient une opinion sur le débat: certains étaient d’avis que l’héritier devait enfin prendre le rôle que son père lui avait légué, alors que d’autres partageaient l’impression du régent sur le manque de préparation du prince.
Avant que la guerre civile ne brise à nouveau les fondations encore fragiles du royaume, les deux partis se sont affrontés pour prouver lequel avait le plus d’appui et ainsi éviter un conflit inutile. La course était serrée, mais ce sont finalement les partisans de Mikhail Savenkov qui eurent le dessus. Toutefois, à l’issue de ces affrontement, le régent magnanime décida de remettre la couronne au prince, car ce dernier avait prouvé qu’il avait enfin l’étoffe pour régner grâce à ses décisions lors des altercations.
Malgré les tragédies et les terreurs ayant affligé son royaume puis affaibli son trône, faisant fi des dangers qui guettent l’intégrité de ses frontière et ceux plus insidieux qui menacent sa propre lumière, Syméon Savenkov prit finalement la couronne du Solengard et dirige depuis son peuple, le guidant à prendre sa juste place dans l’ère des Nations.
La première année de ce règne est marquée par l’expansion des territoires du royaume de l’aigle fier. Il répand ses frontières et renforce sa position sur l’échiquier politique, par alliances, mariages et conquêtes. Au sein même de sa cour et afin de l'épauler dans ses tâches, le nouveau monarque éleva des personnes proches de lui au rang d’intendant. Mila Nazarov, amie d’enfance et fille d’un ancien dissident politique, fut extirpée de l’ombre de son père afin de représenter les valeurs des familles ancestrales du Solengard. Otori du Tozen, page et confident du roi, fut élevé aux mêmes honneurs avec une mission différente; aider l’intégration des étrangers et forger, avec eux, les nouveaux paysages du royaume.
Toutefois, ce n’est pas uniquement en son sein que le Solengard progresse, mais également auprès de ses voisins. Le royaume, riche d’expérience, se tourne désormais vers ses homologues afin de les soutenir en ces temps de changement et d’éviter ainsi que d’autres subissent les supplices qui ont affligés ses contrées.
Au nord, le Solengard se ligua avec les Gardiens de l’Hiver qui résistaient difficilement aux menaces des Tribus de Fer. Il prit sous son aile certains clans afin de leur éviter une prise de possession par cet ennemi de longue date. Grâce à ces efforts communs, les adversaires furent repoussés. Les clans de la Serre et de la Plume accueillirent chaleureusement leurs voisins du sud et la nouvelle Kal des Kals alla jusqu’à reconnaître publiquement le souverain Savenkov comme l’Unificateur du Nord. Cette entente scella, une fois de plus, la bonne entente entre les deux nations. Pendant ce temps, au sud, Mikhail Savenkov répandait les valeurs de ses aïeux sur une partie des territoires d’Axfall tout en y renforçant la position de sa femme sur le trône. Le contrôle du royaume, anciennement rival au Solengard, est loin d’être total. Cependant, l’union de la force des deux couronnes redore déjà le blason de l’aigle.
Alors que les stratèges du Solengard ont les yeux rivés sur les frontières, c’est au centre même du royaume que le trouble gronde; une rébellion se fomente contre le Roi et des figures emblématiques du Solengard s’unissent pour s'opposer à son règne. Avant que le conflit n’éclate en énième guerre, le Duc de Ronce intervient et invite les camps en Axfall pour y tenir de fatidiques États Généraux.
Fonctionnement
La famille royale Savenkov a toujours dirigé le Solengard, mais jamais seule. Les rois et reines se sont toujours entourés d’un conseil royal afin de mener à bien leur tâche colossale : la Table de Craie. Cette cour a tellement d’incidence sur les décisions du royaume, que la sélection de ses membres fait l’objet de bien des débats. Et ce, au sein de la noblesse qui en tient la majorité des sièges.
En plus du monarque, la Table de Craie est composée de cinq membres aux responsabilités bien distinctes. Le Connétable se charge des armées du royaume et de sa sécurité, alors que le Grand Argentier l’est des coffres et de l’économie. Il y a également le Gardien de la Foi, qui encadre les différents clergés et assure le respect des divinités au sein du royaume. Le Maître du Savoir, quant à lui, représente la préservation du savoir et le développement des connaissance, et s'assure aussi que les mystères du territoire n’aient pas d’impact sur les affaires du Solengard. Enfin, le Roi ou la Reine consort complète l’assemblée et s’occupe de maintenir les traditions du Solengard ainsi que d’en faire fleurir la culture.
La noblesse du royaume prend en main la gestion et la protection des territoires. Ses membres progressent dans les titres prestigieux du Solengard selon le nombre de territoires et de vassaux qu’ils possèdent. Ils doivent toujours se plier aux exigences de la Couronne afin d’en préserver l’appui. Une saine rivalité entre les nobles est toutefois permise, voire encouragée. Cela afin de continuer à développer leurs expertises à travers conflits et adversités. Ainsi, comtes et barons gagnent leur titre grâce à leur valeur. La population ne peut alors qu’acclamer leur vaillance lorsqu’ils sont pris en charge par leur seigneur.
La relation de pouvoir entre les différents organes de la table de craie et la noblesse est parfois tumultueuse. Plusieurs responsabilités se chevauchent et sont partagées par plus d’une personne influente, ce qui peut provoquer quelques étincelles quand ces dernières ne sont pas du même avis sur la façon d’encadrer un litige. Afin d’éviter que ces argumentaires ne dépassent le cadre de la bienséance, la couronne, composée du roi, de ses intendants et de son conseil, encadrent les débats. Ils tranchent lorsque ces derniers deviennent stériles afin de favoriser le développement du Solengard.
Cet ordre n’est toutefois pas préservé uniquement par une structure administrative rigoureuse; de nombreux groupes assurent le bien-être de la population. En plus de son armée, le royaume peut compter sur deux formations paramilitaires qui exécutent les décisions de la couronne. Il y a d’abord les Chevaliers du Solengard, qui sont des modèles de vertu et de justice. Leurs bras sont les extensions directes du monarque auquel ils ont tous porté allégeance.
Lorsque le jour se couche, une autre coterie s’engage cependant à protéger les routes du Solengard: les Sentinelles. Parcourant bois et chemins, les courageuses vigies de la nuit s'assurent qu’aucun trouble ne vienne perturber le sommeil des honnêtes travailleurs. Ils veillent à ce que les mystères des forêts demeurent des légendes à raconter autour d’un feu et qu’ils ne deviennent pas de réelles horreurs qui hantent les chaumières.
Malgré la grande efficacité de la haute société, la population demeure le principal moteur qui meut le Solengard et qui le fait progresser. Un exemple notoire de l’exploit des habitants du royaume est l’essor commercial des récentes décennies, principalement entretenu par un consortium de marchands et d’entrepreneurs vigoureux.
Les factions
Le Roi, Syméon Savenkov, l’Unificateur
Nul écrit ne parle d’autre lignée qui aurait un jour régner sur le Solengard que celle des Savenkov. Cette famille guide la région avec une main de fer. Elle y fait respecter les traditions et coutumes qui caractérisent les natifs de l’endroit comme s’ils étaient tous issus de la même parenté.
Même enfant, Syméon était aux yeux du Solengard l’étendard de la famille royale. Pendant ses jeunes années de tutelle, le prince héritier arpentait sans cesse le royaume, voyageant de villes en villages pour assister à tous les événements et les fêtes qu’il pouvait y trouver. Accompagnés de ses fidèles compagnons, il était même coutume de le voir prêter mains fortes aux habitants dans le besoin. Récoltant comme seule récompense, la satisfaction d’avoir aidé son prochain. Son règne semblait assuré, avec de surcroît, un mariage déjà planifié avec la fille du Kal des Kal des Gardiens de l’Hiver. Ce qui promettait un solide ancrage pour son ascension au pouvoir.
Hélas, cet avenir fût anéanti par la guerre et fit de l’héritier, la personne la plus recherchée du Solengard. Les rumeurs quant à son état étaient aussi nombreuses que celles de sa localisation. Bien qu’en vie, c’est un prince affligé par les événement qui fut retrouvé, marqué par les griffes du Néant qui le traque depuis sans relâche.
Ce sombre trait entacha la réputation du monarque et nourrit les rumeurs des rebelles, selon lesquelles, le roi serait sous l’influence de l’Entité. Des preuves de son affliction obligèrent son entourage à prendre action et de chasser les tourments qui hantent l’héritier. Autrefois la proie de ces atrocités, il en devient prédateur et réussit à asservir les plus vils d’entre eux à sa cause. Depuis, Syméon Savenkov prend le dessus sur les éteints et n’en est plus leur victime, mais bien leur maître. Désormais libéré de sa marque, le roi développe son contrôle du langage cendré et explore les limites de ces connaissances dangereuses, dominant au passage monstres et dissidents.
Les événements des dernières années firent échos à une prophétie entourant le roi depuis l’invasion: celle de l’Unificateur. À chaque action prise par le monarque, un passage de plus se concrétise. La pierre angulaire manquante coroborant ce destin majestueux fut trouvée dans des catacombes du royaume, une preuve tangible que la lignée Savenkov est héritière d’Aodan, l’unificateur de l’âge d’or lui-même. Depuis, une nouvelle foi commence à grandir au royaume et même ailleurs, voyant en Syméon Savenkov celui qui guidera les nations vers leur salut.
Les Rebelles
Le règne de Syméon Savenkov paraît prometteur, mais dissimule sous ses atours dorés des revers qu’il n’est plus possible d’ignorer. Après de nombreuses tentatives infructueuses de séparer le roi de ses atouts cendrés, plusieurs figures du royaume se levèrent face à cette abomination pour contrer les décisions totalitaires du monarque et amorcèrent une rébellion.
La première de ces figures emblématiques fut Roderick Montjoli, anciennement connétable du royaume sous la régence du Duc de Ronce. Il arriva au Solengard comme soldat des Royaumes-Unifiés, mais déserta l’armée suite aux horreurs qu’elle avait commises. Il servait depuis sous les ordres de Mikhail Savenkov, croyant ardemment aux bienfaits de ses méthodes. Malgré sa position avantageuse à la Table de Craie, Roderick ne pouvait plus rester indifférent face à l'ouverture ostentatoire du royaume vis-à-vis des cultistes reconnus et au refus de les punir. Il prit l'affaire en main et décida de les traquer afin de les amener devant la justice. Ce qui fût fait, mais avant même que leurs peines ne soient exécutées, le Roi intervint. Il banni Roderick pour avoir agi sans son aval, lui retirant titres et prestiges au passage. Dans son exil, l’ancien connétable n’oublia pas les revers qui menaçaient son royaume adoptif et commença à comploter pour organiser une résistance.
Toutefois, c’est lorsque Mila Nazarov prit position contre le roi que la rébellion cessa d’être une idée tapis dans l’ombre et devint une réelle force. La couronne du Solengard ne pouvait désormais plus l’ignorer. L’intendante du royaume était pourtant très près du roi. Amis d’enfance, ils s’étaient toujours épaulés au travers des épreuves les plus difficiles. Certains croient que c’est cet amour pour Syméon qui poussa la jeune dolnaïr à prendre action, ne pouvant accepter ce que devenait celui en qui elle avait le plus confiance. D’autres pensent plutôt que c’est de famille, le père de cette dernière ayant longuement combattu la régence de Mikhail Savenkov pour assurer le trône au prince héritier. Peu importe ses motivations, Mila mis sa position et sa vie en danger quand elle décida de prendre la défense d’une autre famille ancestrale. Cette dernière ayant été emprisonnée et ses terres assiégées par les forces de la couronne, les soupçonnant d’avoir abrité la rébellion.
Amenée devant le roi pour répondre de ses actions, Mila fut jugée et une peine fut tranchée. Juste alors qu’elle devait être marquée par la cendre, la rébellion se souleva. C’est à ce moment que la ligne se traça, devant tous. Près de la moitié de la cour se dressa pour prendre les armes contre la décision de la couronne. Malgré cela, le Roi garda son trône. L’insurrection ne lui fit pas perdre de position, cependant les rebelles réussirent à sauver la figure emblématique de leur mouvement et surtout, à prouver que tous pouvaient s’opposer face au tyran.
Il est difficile de présumer comment s'organiseront les rebelles dans l’année à venir, Roderick et Mila ayant deux approches complètement distinctes et des partisans aux intérêts divergents. Les rebelles devront toutefois trouver comment mettre leurs différends de côté s’ils désirent réussir dans leur entreprise et trouver des alliés pour supporter leur mouvement.
Le Duc de Ronce
Au nord du fleuve Térébie, l’ombre imposante de la forteresse de Rovaria et de son maître, Mikhail Savenkov, assurait la souveraineté du Solengard. Surplombant la pointe septentrionale du territoire, il dissuadait aisément toute ambition expansionniste des nations voisines.
Étant le frère cadet du roi Casimir, il n’eut jamais l’occasion de prendre la couronne du
royaume et orienta plutôt sa dévotion sur la maîtrise de l’art de la guerre. Ses prouesses et ses tactiques suffirent à lui assurer le titre de Connétable, lui donnant une place à la Table de Craie, poste qu’il occupait brillamment aux côtés de son aîné. La solidarité et la confiance qui régnaient entre les deux frères rendaient ce tandem extrêmement dangereux pour les adversaires du Solengard. La fratrie partageait même la perte de leurs épouses dans la fleur de leur âge, une triste peine qui n’avait fait qu’augmenter leur compréhension mutuelle.
Mikhail Savenkov avait fait vœu à son défunt frère de défendre la souveraineté du Solengard, quoi qu’il en coûte. Il prit le contrôle des forces encore loyales à sa lignée et adopta de nouvelles stratégies afin de protéger le royaume des affres de la guerre : des stratégies violentes, succinctes et furtives, qui laissaient sur leurs passages terreur et confusion. Ces guérillas réussirent à canaliser le confit à des endroits précis, minimisant ainsi les ravages sur le Solengard.
Il se mérita le titre de Duc de Ronce en coiffant ses victimes de couronnes de ronces. Puisque la guerre ne pouvait se faire sans troupes, le Duc se mit à recruter des soldats parmi les déserteurs du conflit et ses prisonniers. Bon nombre de guerriers en déroutes vinrent rejoindre l’armée du Solengard, autant dégoûtés par la barbarie de l’invasion qu’intéressés à prendre place dans la postérité du Solengard.
Après avoir été régent du Solengard pendant quelques années, Mikhail Savenkov cèda le pouvoir à son neveu et quitta sa forteresse pour rejoindre sa nouvelle fonction, celle du Roi d’Axfall auprès de sa femme, la Reine Arianne. Ne contrôlant que la couronne et le territoire de Stonemarch, les souverains d’Axfall travaillent ardemment pour unir les forces des deux royaumes et assurer davantage l’essor de l’aigle fier.
Mikhail Savenkov n’a pas encore ouvertement pris position face à la montée des rebelles et agit plutôt à titre de protecteur du royaume. Il invita donc les deux parties à Axfall afin d’y tenir des États Généraux et y encadrer le conflit avant qu’il n’ébranle les fondations encore fragiles du royaume. Son influence au Solengard est indéniable et il est évident qu’il aura une incidence majeure dans les temps incertains à venir.
Un mystère entoure cette figure de pouvoir et peu d’individus peuvent se vanter d'avoir passé plus de quelques minutes en sa présence. Le Duc est toujours en état de guerre et il ne semble pas vouloir offrir à ses ennemis, une opportunité qu’ils n’ont pas hésité à prendre avec son frère.
Le Village d’Olenberg
Olenberg est réputé pour être l’axe commercial principal du Solengard, son port est un arrêt presque obligatoire pour tous les commerçants qui empruntent le fleuve Térébie. Il n’empêche que peu auraient prédit l’importance que prendrait cette confluence dans les conflits entre les nations. Situé sur la terre des Trois-Orions, le village d’Olenberg est également reconnu pour avoir les histoires les plus farfelues et les pommes les plus sûres du Solengard. Ses fêtes sont réputées à travers le royaume et attirent les voyageurs de tout horizon.
Pendant la guerre, le village a servi d’asile à de nombreux civils, les protégeant autant des armées des nations que des guérillas de Mikhail Savenkov. Bien que partiellement saccagé, il restait accessible par toutes les nations et maintenu en opération par ses habitants. Lorsque la trêve fut annoncée, Olenberg fut donc sélectionné pour y accueillir les délégations de diplomates.
Depuis, Olenberg est le terreau fertile duquel le Solengard perce sa résurrection. C’est en son sein que les sièges de la Table de Craie se rencontrent et que la couronne tient sa cour. Offrant une voix, autant aux étrangers qui ont fait du royaume leur maison, qu’aux natifs qui tentent de préserver leurs fonctions. Certains diront que c’est dans ce simple village que se prennent les décisions qui influencent le monde, ce qui explique la visite d’autant de dignitaires originaires de toutes les nations.
Conclusion
Peu de choses sont sûres désormais pour le Solengard, l’incertitude ayant fait son nid dans les rivages de son avenir. Chaque mois qui passe révèle de nouveaux défis à surmonter pour la population qui a survécu et celle qui s’y est installée car le Solengard est maintenant scindé en deux; celui d’avant la guerre et celui d’après. Personne ne s'entend à savoir comment ces deux réalités doivent coexister pour redéfinir le royaume en perdition.
La montée de la rébellion ne fait qu'aggraver les dissensions dans la population : certains se rangent derrière la couronne pendant que d’autres la craignent et combattent ses décisions. Alors que les frontières du Solengard s’étirent en des contrées voisines, c’est en son cœur que le conflit réside réellement et personne ne peut entrevoir quelle en sera l’issue.
Une chose est certaine: le sang coulera avant que le soleil ne se lève sur un royaume sans rébellion… ou sans son roi.